Le 2 décembre 2021, Fairbnb Co-op (fairbnb.coop), une plateforme coopérative de réservation d’hébergement, a officiellement annoncé son arrivée en Amérique du Nord. Fairbnb Co-op est née à Bologne en Italie en 2018, puis s’est développée dans d’autres pays d’Europe avant de désormais cibler l’Amérique du Nord. C’est sous la bannière Fairbnb Canada (fairbnb.ca) qu’elle ouvre une plateforme de location de courte durée pour Toronto.
Un modèle coopératif et éthique pour dé-marchandiser le logement
Fairbnb Co-op est soutenu par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL / Canada Mortgage and Housing Corporation CMHC) en partenariat avec la structure Européenne de Fairbnb Co-Op. Cette initiative fait partie du plan de la SCHL pour lutter contre la crise du logement au Canada avec des approches nouvelles et innovantes.
Selon le modèle coopératif et éthique mis en place par Fairbnb Co-op, 50 % de tous les frais de réservation iront directement au Kensington Market Community Land Trust (KMCLT) pour protéger et développer le logement abordable. Comme l’explique Thorben Wieditz, directeur de Fairbnb Canada, « L’idée étant d’utiliser des outils contribuant autrefois à la marchandisation du logement pour aider à dé-marchandiser le logement ».
Emanuele dal Carlo, président de Fairbnb Co-Op rappelle la philosophie de son organisation : « Nous voulions créer un système qui soit intrinsèquement équitable, par conception, au lieu d’utiliser le récit de l’économie de partage simplement pour devenir l’intermédiaire qui extrait la valeur d’une communauté. Le fait de savoir que notre idée, qui a vu le jour en Europe, se développe maintenant et commence à fleurir au Canada est non seulement une grande réussite pour notre plateforme, mais aussi la preuve que les gens veulent voir le tourisme changer pour le mieux ».
La crise du logement à Toronto
D’après un rapport sur la crise du logement à Toronto disponible sur le site de Fairbnb Canada, si les règles de location courte durée était réellement appliquée aujourd’hui à Toronto, Airbnb devrait supprimer 8 241 annonces de sa plateforme. Cela représente 42% des 19 255 annonces d’Airbnb sur Toronto. Plus de 6 500 maisons supplémentaires pourraient ainsi être disponibles à la location à long terme à Toronto.
Les règles de location courte durée établie par la ville de Toronto en septembre 2017 (à date non respectées par les plateformes de location) :
- Les propriétés listées doivent être la résidence principale de l’hôte (c’est-à-dire qu’il n’y a pas plus de plusieurs annonces de maisons entières par un seul hôte);
- La maison entière d’un hôte ne peut être louée que pour un maximum de 180 jours cumulés par année civile ;
- et, pas plus de 3 annonces de chambres privées au total par hôte.
Les locations courte durée au Québec et à Montréal
Pour lutter contre les annonces illégales, depuis le 1er mai 2020, les propriétaires doivent s’inscrire auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) s’ils veulent mettre en location leur logement pour une courte durée. Or ils sont très peu nombreux à l’avoir fait.
D’après une rapport relayée par Radio-Canada, commandé par des élus montréalais et réalisé par le chercheur de McGill David Wachsmuth, il y avait en mai 2021 à Montréal 6130 annonces actives de locations à court terme. Ces annonces sont principalement dans Ville-Marie et le Plateau-Mont-Royal et sont donc dans l’illégalité sans numéro d’enregistrement provincial. En raison de la pandémie, un tiers de ces annonces auraient disparu. Mais des acteurs professionnels continuent d’opérer sur le marché. Ainsi 1 % des hôtes auraient gagné 39,3 % de tous les revenus en 2020 et les 5 % les plus performants ont obtenu 57,9 % de tous les revenus.
Il sera donc intéressant de voir si l’approche de Fairbnb Co-op Canada à Toronto pourrait s’appliquer au marché Québécois et en particulier à Montréal.L