Vous en avez assez de la guerre de communication autour de l’informatique quantique ? Et si pour changer on parlait de la fusion nucléaire ? Là aussi les grandes nations du monde se battent à coup de communiqués de leurs laboratoires de recherche. La Chine vient ainsi d’annoncer une avancée significative dans ce domaine. Mais le projet le plus prometteur est une coopération internationale qui réunit déjà 35 pays, ITER, actuellement en chantier dans le sud de la France.
La bataille du Tokamak
On apprend ainsi que le 30 décembre 2021 des chercheurs chinois ont effectué des tests sur un réacteur de fusion nucléaire appelé « Experiential Advanced Superconducting Tokamak » (EAST). Précisons qu’un tokamak (mot d’origine russe) est un dispositif de confinement magnétique expérimental explorant la physique des plasmas et les possibilités de produire de l’énergie par fusion nucléaire.
Le résultat de cette fusion nucléaire est un « soleil artificiel » alimenté à l’hydrogène et au deuterium. Les scientifiques chinois ont réussi à atteindre une température de 70 millions degrés pendant 1 056 secondes, soit 17 minutes et 36 secondes. C’est 5 fois plus que la puissance du soleil qui atteint 150 millions de degrés à son cœur. Le précédent record de durée de confinement d’un plasma avait été établi par le tokamak français Tore Supra en 2003 avec 390 secondes.
Une nécessaire collaboration internationale
Il y a actuellement en Chine six réacteurs à fusion nucléaire expérimentaux en état de fonctionnement. Le tokamak East participe au projet ITER (mot latin qui veut dire « Le chemin ») de réacteur thermonucléaire expérimental international. Ainsi 35 pays collaborent pour construire le plus grand tokamak jamais conçu, actuellement en chantier dans le sud de la France (à Saint Paul-lez-Durance dans les Bouches-du-Rhône). Ce réacteur pourrait produire son premier plasma avant fin 2025. (D’impressionnantes photos du chantier sont en accès libre sur le site d’ITER)
Les 35 pays participants sont : les 27 membres de l’Union européenne + (par Euratom) la Suisse et le Royaume-Uni + la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée, la Russie, et les Etats-Unis.
ITER a un protocole d’entente avec le Canada pour explorer des possibilités de coopération. Le Canada pourrait ainsi fournir du tritium, un isotope de l’hydrogène nécessaire au processus de fusion nucléaire. Le Canada est en effet précurseur dans la production de tritium depuis les années 1950 avec ses réacteurs CANDU : des réacteurs à eau lourde utilisant comme combustible de l’uranium naturel. Actuellement dans le monde 31 réacteurs CANDU sont en opération, dont 19 au Canada.