Faites-vous partie des 69% d’entreprises canadiennes qui ont dû repenser leurs décisions sur les investissements technologiques ? On a été frappés par l’ampleur de cette tendance, décryptée dans la 7ème édition du « Portrait des TI en entreprise au Canada » de Groupe NOVIPRO/Léger. En 2023 les investissements des entreprises canadiennes dans les technologies de l’information (TI) sont au plus bas niveau depuis six ans. 76 % des entreprises canadiennes planifieraient de déployer des investissements technologiques contre 92 % avant la pandémie en 2019.
Voici notre analyse sur ce ralentissement des investissements en informatique, data et innovation. Et nos conseils pour reprendre le contrôle de votre stratégie TI. En particulier votre stratégie autour des données.
Pourquoi cette baisse importante des investissements en TI au Canada ?
La hausse des coûts, en partie liée à l’inflation, est la première raison de ce recul des investissements. Mais pas la seule. Le télétravail et la pénurie de main d’œuvre plombent aussi les efforts technologiques des entreprises.
En conséquence, la transformation numérique des entreprises prend du retard. Et collectivement nous vivons tous les conséquences d’un ralentissement de la relance économique post-pandémie.
Concernant la hausse des coûts IT, signalons que la hausse du prix des API a actuellement de gros impacts sur de nombreux projets. Ainsi Reddit est en train de se fâcher avec de nombreux développeurs qui utilisaient gratuitement ses corpus de données et qu’il veut désormais facturer. Microsoft vient d’augmenter de 3 à 10 fois le prix d’accès à l’API de son moteur de recherche Bing. Ces deux exemples sont liés au développement des IA génératives qui ont besoin d’être nourries par des jeux de données tiers.
Quels investissements en TI les entreprises canadiennes réduisent-elles ?
- Analyse de données avancées et intelligence artificielle : seulement 13% des entreprises canadiennes prévoient d’investir dans ces technologies d’ici 2025. Contre 36% en 2019. Pourtant 54% des entreprises déclarent qu’elles avaient obtenu des résultats positifs avec les data ou l’IA. Ou qu’elles étaient en cours de déploiement. Le Québec prend le plus de retard dans ce domaine car seules 45% des entreprises ont amorcé une transition vers les données. L’Ontario est en tête avec 63%. Un comble alors que Montréal est une plaque tournante de la recherche en intelligence artificielle. Et qu’elle est réputée pour son écosystème en IA. Parce qu’il y a un énorme décalage entre le potentiel de transformation des données et l’IA et la compréhension qu’en ont les entreprises. Pour des exemples concrets de ce potentiel : notre compte -rendu du World Summit AI de Montréal 2022. Et notre interview de la startup montréalaise Funartech. Son approche d’IA hybride a permis à l’équipementier automobile japonais Aisin de réduire de 30% le nombre de camions nécessaires à la livraison des pièces dans ses entrepôts.
- La sécurité informatique : seules 17% des entreprises du sondage NOVIPRO/Léger prévoient d’investir en solutions de sécurité dans les deux ans. Contre 25% en 2021 et 42% en 2019. Précisons que la partie « sécurité informatique » englobe les outils et logiciels mais aussi la gouvernance, les formations, les audits. Dans le contexte d’augmentation des cybermenaces, cette baisse de focus sur la cybersécurité est alarmante. En particulier la baisse de la formation des utilisateurs. Avec 59% de formations en 2022 contre 74% en 2019. Alors qu’ils sont le premier rempart de sécurité de l’entreprise. Pour rappel : « 82% des compromissions impliquent le facteur humain, par négligence ou malveillance » (Etude Verizon 2022).
Comment reprendre le contrôle de votre stratégie TI et relancer vos projets « data » ?
- Faire l’inventaire de vos logiciels. Car avec la démocratisation des services Saas et Cloud les entreprises multiplient souvent les abonnements récurrents à des logiciels redondants, non utilisés et même potentiellement dangereux. Ce shadow IT ou « informatique cachée » peut représenter un gouffre budgétaire, en particulier avec l’augmentation du prix des API.
- Former les équipes à « la culture de la donnée » (data literacy) pour soutenir des projets en analyse de données et IA. Cela concerne les équipes TI et les équipes métiers. Car elles sont les premières capables de détecter sur le terrain des opportunités d’amélioration des processus. Comme le résume l’éditeur Tableau (Salesforce). « La culture de la donnée déterminera le futur des entreprises ».
- Créer un cadre de travail pour faciliter la collaboration autour des données. Car on ne peut pas décréter la collaboration dans l’entreprise si les équipes ne sont pas encouragées à expérimenter avec les données. Et si on ne leur fournit pas un cadre de travail sécurisé et en conformité avec la réglementation sur la protection des données personnelles. (la Loi 25 du Québec, projet de loi C-27 du Canada et RGPD Européen). Parmi les approches méthodologiques que nous recommandons, le Data Mesh ou « maillage de données ». Ce cadre de travail permettre aux entreprises de mettre la donnée au centre de leur organisation. Et de donner aux « métiers » la responsabilité des données analytiques.
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