Le commissaire fédéral à la protection de la vie privée, Daniel Therrien, a déposé son rapport annuel le 9 décembre dernier. Il met en garde les Canadiens contre la menace croissante du capitalisme de surveillance et l’utilisation de renseignements personnels par les grandes entreprises.
Pour une innovation responsable
L’intitulé du rapport : « Projeter nos valeurs dans nos lois : Les fondements d’une innovation responsable ». En effet, d’après le commissaire fédéral, « Dans les lois fédérales sur la protection des renseignements personnels, nos valeurs sociétales et nos droits fondamentaux − en place parfois depuis des siècles − ne sont pas adéquatement protégés. Cette situation doit changer, d’où le titre du présent rapport ».
Daniel Therrien : « Il ne fait aucun doute que l’économie moderne est dépendante de la valeur des données, et qu’elle est appelée à le devenir de plus en plus. La pandémie nous a fait prendre conscience que les technologies numériques peuvent servir l’intérêt public. Si l’on veut instaurer une économie durable après la pandémie, il faudra faire une utilisation responsable des données personnelles.
Une réforme des lois sur la protection des renseignements personnels est donc urgente, en partie pour des raisons économiques. L’adoption de nouvelles lois sur la protection des renseignements personnels fondées sur les droits qui intègrent les valeurs canadiennes et favorisent l’innovation responsable serait une bonne façon de donner suite aux intentions du gouvernement, déclarées dans le dernier Discours du Trône, de faire croître une économie plus résiliente qui profite à tous. »
Les données personnelles ont une énorme valeur
Le commissaire fédéral rappelle également que les données personnelles sont devenues un atout de grande valeur que savent très bien exploiter les géants des réseaux sociaux et de la recherche en ligne. Un sujet au cœur du scandale Cambridge Analytica, qui fait toujours l’objet de poursuites devant la Cour fédérale.
Extrait du rapport : «Aujourd’hui, c’est la puissance croissante des géants de la technologie comme Facebook et Google qui occupe les pensées. Ces derniers semblent en savoir davantage à notre sujet que nous en savons nous-mêmes. (…) Des expressions comme “capitalisme de surveillance” et “économie de surveillance” sont désormais couramment utilisées ».
Le commissariat fédéral à la protection de la vie privée surveille aussi de près l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA), un des outils derrière ce « capitalisme de surveillance ». « Notre enquête sur le recours à la technologie de reconnaissance faciale de Clearview AI illustre bien comment le déploiement commercial de l’IA peut contrevenir à bien des égards aux lois sur la protection des renseignements personnels ».
