La phase entre la recherche et une innovation réussie est parfois appelée la « vallée de la mort », en raison des nombreux échecs et des longs délais de réalisation. Le manque de modèle d’affaires viable est souvent en cause. Alors pour franchir rapidement cette vallée, les industriels et les scientifiques sont encouragés à collaborer et ainsi mettre la recherche fondamentale plus rapidement sur le marché. Mais l’organisation bureaucratique avec des programmes rigides est un autre obstacle majeur à surmonter pour ne pas se retrouver bloqués dans la vallée de la mort.
Exemple avec le Département de Défense américain
La vallée de la mort du DoD (Department of Defense) reste un problème majeur car il peine à exploiter rapidement les technologies de défense et commerciales de pointe pour la prochaine génération de capacités militaires. Or les guerres futures seront gagnées par les nations qui sauront exploiter efficacement des technologies de pointe comme l’intelligence artificielle, l’autonomie, la cybernétique, ou encore le quantique.
Dans le cas du DoD, cette vallée de la mort serait liée aux longs délais de budgétisation et à la bureaucratie pour réaliser des prototypes et projets scientifique et les faire passer à l’échelle. Cette barrière des « programmes », au sens organisationnel, est souvent négligée dans la course à l’innovation.
En effet, si un responsable technologique de la DARPA, d’un laboratoire du ministère de la Défense ou de l’industrie frappe à la porte d’un responsable de programme d’acquisition du DoD pour lui présenter une technologie prometteuse, sa proposition mettra des mois à aboutir. Car même si le potentiel de cette technologie est important trop de barrières sont dressées devant le responsable du programme d’acquisition. L’innovation est paralysée par les documents à modifier, les différentes équipes à informer et les changements à coordonner avec des dizaines d’organisations de surveillance différentes (les équipes juridiques, sécurité, budget) pour intégrer une nouvelle technologie.
Les combattants opèrent alors avec des systèmes hérités vieux de 30 ans, ce qui pose un risque majeur pour l’ensemble du programme et retarde la mise à disposition de nouvelles capacités. Pour se transformer, le DoD aurait donc intérêt à faire pivoter son organisation actuelle basée sur les « programmes » pour aller vers une organisation en « portfolio » ou portefeuille de projets. A la clé, la possibilité d’intégrer rapidement les innovations et de mettre à jours vers l’état de l’art des technologies tous les un ou deux ans.
En complément :
- «R&D : Ottawa veut créer une agence DARPA à la canadienne ».
- Nouvelle norme de sécurité du ministère de la défense américain, la Cybersecurity Maturity Model Certification (CMMC) : Certification en cybersécurité : “Pas de contrat sans conformité cybersécuritaire”.