Pour relever les grands défis comme le risque pandémique et les changements climatiques, Ottawa veut créer une nouvelle agence de Recherche & Développement. Pour le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, le modèle à suivre pour cette agence de R&D est celui de la DARPA (Defense Advanded Research Projects Agency) américaine.
La DARPA avait été créée en 1957 en pleine guerre froide. Mais la Canadian Advanded Research Projects Agency (CARPA) ne devrait pas travailler sur des projets militaires, contrairement à son modèle américain. Et contrairement à l’agence de Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC, Defence Research and Development Canada, DRDC) créé en 1947, qui relève du ministère de la Défense nationale du Canada.
Chiffres clés sur la DARPA
Pour se rendre compte du défi de créer la CARPA, rappelons que la DARPA ce sont 220 employés du gouvernement, six bureaux techniques, 100 gestionnaires de programme, 250 programmes de recherche et développement, un budget 2021 de 3,5 milliards de dollars américains (4,4 G$CA) (chiffres du Congressional Research Service).
Parmi les travaux menés par la DARPA : l’Internet (avec la base conceptuelle du réseau l’ARPANET), les GPS, et de nombreux travaux de robotique (notamment le robot Atlas) et intelligence artificielle. (chronologie des innovations née grâce à l’écosystème de la DARPA)
D’autres pays ont adopté l’approche de la DARPA. Le gouvernement du Premier ministre conservateur britannique Boris Johnson a récemment créé la Advanced Research and Invention Agency (ARIA), agence de recherche et d’invention avancée, dotée d’un financement de départ de 800 millions de livres (1,37 milliard de dollars).
Une nouvelle impulsion pour l’innovation
Pour Ottawa, la création de la CARPA transformerait l’écosystème d’innovation au Canada. Précisons aussi qu’avec ce type de recherche à long terme soutenues par l’action publique, les résultats attendus sont aussi des paris sur l’avenir.
Des paris qui peuvent être très rentables mais aussi très risqués sans ce soutien gouvernemental. Ainsi « Seuls 5 à 10 % des programmes de la DARPA produisent finalement des résultats positifs, ce qui reflète sa préférence élevée pour le risque dans la poursuite d’une innovation radicale », écrivent Robert Asselin et Sean Speer dans une nouvelle étude du Public Policy Forum. « Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, cette acceptation institutionnelle de l’échec est la clé du succès de la DARPA ».
Il n’y a pas encore de date confirmée pour la création de la CARPA. Ses recherches devraient avoir un horizon de 15 à 30 ans.