Nous entendons tous les jours parler du métavers (ou metaverse à l’anglaise) mais on peut légitimement se demander si ceux qui en parlent y ont vraiment mis les pieds. Nous vous conseillons donc la lecture d’un article de Fred Cavazza, spécialiste des enjeux numérique, qui revient sur la définition du métavers, ses éléments techniques et les modèles d’affaires en place.
Surtout Fred Cavazza met le doigt où le métavers coince. Car les discours sur les environnements ouverts, universels et libres de droits sont de belles chimères. Les défis technologiques, fonctionnels et économiques pour créer un véritable métavers restent aujourd’hui énormes.
Comprendre les couches technologiques du métavers
Pour le comprendre, le mieux est d’explorer la cartographie commentée dans l’article, qui présente les 7 couches technologiques nécessaires à la création d’un métavers :
- L’infrastructure (semi-conducteurs, réseaux comme la 5G, nuage/cloud…)
- Les interfaces humaines (les équipements, des mobiles aux casques de réalité augmentée et autres gants haptiques)
- La décentralisation (l’organisation de l’écosystème pour fournir des expériences « sans frictions », distribuées, démocratisées)
- L’informatique spatiale (spatial computing : les logiciels de 3D, la reconnaissance du mouvement, la cartographie et l’IA)
- L’économie de la création (les outils pour créer, animer et monétiser le métavers)
- La découverte (on peut même parler de découvrabilité, ou comment le public est informé de l’existence d’une expérience)
- Expérience (les jeux, expériences sociales, concerts de musique live et tout ce qui peut être imaginé dans un univers virtuel!)
Une cartographie simplifiée du métavers, par types de services
On apprécie aussi la cartographie simplifiée que propose l’auteur, avec 8 types de services proposant déjà actuellement de vivre des expériences immersives
- les jeux de transréalité (par exemple PokemonGo qui avouons-le est une de nos activités quotidienne depuis le lancement du jeu en 2016)
- les jeux à économie (comme Entropia Universe et son expérience multijoueurs)
- les plateformes ludiques en 3D (comme Roblox)
- les plateformes sociales en 3D (comme The Sandbox, dans lequel le géant de la distribution Carrefour vient d’acheter une parcelle de terrain virtuelle pour un budget de 300 000 Euros)
- les plateformes d’avatars (comme Zepeto)
- les plateformes de concerts virtuels (comme Wave)
- les plateformes de collaboration virtuelle (comme Microsoft Mesh qui mélangent réalité augmentée et virtuelle)
- les jeux de cartes en ligne (comme Axie Infinity avec ses NFT, dont nous vous parlions dans l’article « Blockchain, NFT et évolution des modèles d’affaires dans l’industrie du jeu vidéo »).
On se permet aussi de rajouter à cette cartographie simplifiée une plateforme comme Decentraland qui se trouve au croisement de plusieurs marchés. Car il est possible d’y acheter des terrains virtuels (ce qu’a fait notamment Samsung ainsi que des places de marché du luxe et de la mode), s’y balader et interagir avec d’autres avatars, participer à des expériences, des concerts virtuels, et acheter des accessoires pour son avatar et des NFT collectors.
Pour comprendre les métavers, expérimentez-les !
Et pour conclure nous vous conseillons d’aller expérimenter vous-même les métavers pour comprendre les modèles économiques en jeu et les limites en termes de graphisme et d’ergonomie. Parce qu’on peut bien se le dire : c’est souvent très moche ! (on est retournés voir Second Life, dont les graphismes semblent n’avoir pas bougé depuis 2003, et après un petit tour en montgolfière virtuelle on avait surtout mal au cœur et aux yeux…)
Nous avons aussi exploré Decentraland. Et ce que nous avons retenu de notre vite du bar « Miller Lite » dans Decentraland c’est que les gens de marketing lancent beaucoup de belles opérations dans les métavers mais qu’une fois l’effet d’annonce passé ces lieux virtuels restent des espaces morts sans grand intérêt pour les visiteurs. Car ce lieu est toujours ouvert dans Decentraland (et mis en avant par une grosse bannière publicitaire comme un lieu d’intérêt « trending ») alors qu’il n’avait été conçu que pour faire le lancement d’une campagne de publicité pour le Superbowl 2022. Après la fête, il ne reste donc qu’un lieu banal à explorer, où on peut visiter les toilettes du bar (et tirer la chasse d’eau, génial !), cliquer sur la tireuse à bière puis se retrouver sur une page du site Miller indiquant « cette opération est terminée ». Dans le genre « expérience immersive » on a vu mieux !
Par contre nous en avons profité pour récupérer notre petit jeton de présence ou « POAP » (Proof of Attendance Protocol – un NFT commémoratif) après nous être équipé d’un portefeuille de cryptomonnaie indispensable pour participer à cette expérience. Le grand gagnant de cette opération marketing n’est donc pas au final Miller mais bien Decentraland et MetaMask, le fournisseur de logiciel de « wallet » (portefeuille crypto) conseillé par la plateforme.