Nous avons vu passer cet article sur le Web3 via la veille d’Alain Lefebvre, un pionnier francophone de l’informatique. Ses analyses sur les limites du Web3 étaient très pertinentes lors de la conférence « Metaverse : du récit à la réalité » (organisée en février dernier par Data Driven Montréal. Retrouvez notre compte rendu). Pour Alain Lefebvre, les promesses du Web3, notamment l’idée de se débarrasser des intermédiaires, seraient actuellement une « mauvaise plaisanterie ». D’autres experts partagent les mêmes réserves vis-à-vis du Web3, notamment le cabinet d’analystes Forrester Research dont nous vous résumons ici la position.
Web3 : une difficile mise en pratique technique
Concernant le Web3 (qui fait référence à un écosystème en ligne décentralisé basé sur la blockchain), Forrester Research suggère que « le concept contient les graines d’un cauchemar dystopique ». Pour deux raisons techniques : « l’environnement hautement spéculatif et non réglementé des actifs cryptographiques (les cryptomonnaies et les NFT) et des principes fondamentaux parfois utopiques ou contradictoires ».
Dans un de ses rapports, Forrester revient sur la définition du “Web 3.0” et met le doigt sur un grand malentendu. En effet, le terme Web3 peut faire référence au « web sémantique », un terme de Sir Tim Berners-Lee (W3C), qui fournirait « un modèle qui permet aux données d’être partagées et réutilisées entre plusieurs applications, entreprises et groupes d’utilisateurs ». Mais le terme Web3 a depuis 2014 été repris par des acteurs de la blockchain (Ethereum) et par la société de capital-risque Andreessen Horowitz qui en 2021 a annoncé que nous entrions dans « l’ère du Web3 ». L’expression « Web3 » est donc depuis utilisée à toutes les sauces pour parler de blockchain, de métavers ou des jetons non fongibles (NFT).
Des risques liés à la criminalité et une gouvernance complexe
Enfin, Forrester alerte sur les risques de criminalité dans un environnement décentralisé et surtout sur l’impossibilité de mettre en pratique cette décentralisation. De plus, si code et protocoles doivent être ouverts et transparents, cette pratique augmente aussi les risques. Enfin, le cabinet pointe du doigt la difficile gouvernance communautaire en ligne et précise que « l’ajout d’un élément financier augmente le potentiel de désastre ».