La blockchain ou chaîne de blocs est connue du grand public pour son utilisation par des cryptomonnaies, comme le Bitcoin. Mais la blockchain est avant tout une technologie sur laquelle de nouveaux modèles d’affaires peuvent être imaginés, dans une grande variété de secteurs d’activité. Voici donc un point sur les atouts de la blockchain pour votre démarche d’innovation, avec des exemples de modèles d’affaires, au Québec et ailleurs.
Définition de la Blockchain
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente (par la traçabilité des échanges), sécurisée (par la cryptographie à clé publique) et décentralisée (par échanges de pair à pair).
La chaîne de blocs s’appuie en effet sur une technologie de registres distribués continuellement mise à jour par les utilisateurs participants et vérifiée par d’autres. Elle est hébergée sur de multiples serveurs plutôt que d’avoir recours à une seule version officielle détenue par un seul utilisateur ou centre de données. (définition issue du livre blanc du Conseil des technologies de l’information et des communications, Rallier un consensus canadien : L’évolution de notre écosystème de la blockchain).
La première Blockchain est née avec la monnaie numérique Bitcoin, en 2008, et la publication du livre blanc de Satoshi Nakamoto : « Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System » («Bitcoin: un Système de Caisse Électronique de Personne à Personne »). Mais les applications de la Blockchain vont bien au-delà de la cryptomonnaie.
Source : OPECST d’après le chapitre « Cryptocurrencies : looking beyond the hype » du rapport annuel 2018 de la Banque des règlements internationaux. Et la note de la Banque mondiale « Distributed ledger technology and blockchain » par H.Natarajan, S.Krause and H.Gradstein, 2017.
En quoi la Blockchain permet de nouveaux modèles d’affaires
La blockchain rend possible des modèles économiques collaboratifs, en permettant de se passer d’un organisme de contrôle « centralisé », tout en renforçant la sécurité. Cette désintermédiation va mécaniquement engendrer une baisse des coûts d’administration et d’infrastructure.
Ainsi, le secteur financier a ainsi rapidement intégré la blockchain pour accélérer et sécuriser des processus. Avec la Blockchain, le secteur bancaire estime qu’il pourrait d’ici 2022 générer une économie de 15 à 20 milliards de dollars par an (source étude Santander Bank). Des économies grâce à la réduction des coûts d’infrastructure liés aux paiements internationaux, au trading et à la mise en conformité. Pour simplifier, en se passant des chambres de compensation et de clearing, centralisées, qui mettent jusqu’à deux jours et demi pour vérifier et valider des transactions, celles-ci seraient plus rapides, moins chères mais aussi plus fiables. (Source BlockchainFrance.net)
Mais de nombreux secteurs d’activité peuvent tirer partie de la blockchain. Nous vous recommandons d’explorer l’étude sectorielle menée par le cabinet McKinsey pour découvrir à la fois les opportunités et la faisabilité d’un projet de blockchain dans votre secteur.
Etat des lieux de la blockchain au Canada
Les entreprises de la blockchain au Canada se concentrent surtout dans les secteurs des finances, de la technologie financière et des technologies de l’information et des communications (TIC). Si on inclue la cryptomonnaie, ces secteurs représentent 56 % de toutes les entreprises de la chaîne de blocs au Canada. D’autres secteurs sont en recrudescence, comme l’expertise-conseil, et des secteurs émergents comme l’industrie culturelle, le secteur de la santé et l’éducation. (source Radio Canada)
D’après le rapport Rallier un consensus canadien, l’écosystème canadien de la blockchain est composé de plus de 280 entreprises. Il emploie plus de 1600 travailleurs, des développeurs de chaînes de blocs, comme les architectes de solutions qui sont très recherchés. Selon la même étude, Toronto et Vancouver constituent le cœur de l’économie de la blockchain au Canada, avec 60 % des entreprises et 65 % des travailleurs du secteur.
Exemples de cas d’usages de la Blockchain
Pour vous inspirer dans votre démarche d’innovation, voici deux applications concrètes de la blockchain dans deux différents secteurs d’activité très différents. Avec les cas Toyota et LBRY.
Suivi par un focus sur les cas d’usage blockchain au Canada et Québec avec Choco4Peace, Nouveau Monde Graphite, le Mouvement Desjardins, La Faculté de droit de l’Université Laval et la chambre des notaires du Québec.
Le constructeur automobile japonais Toyota
Le Toyota Blockchain Lab a été lancé en avril 2019 par Toyota Motor Corporation (Toyota) et Toyota Financial Services Corporation. Cette organisation virtuelle inter-groupe pilote à l’échelle mondiale des initiatives d’utilisation de la blockchain. Les applications en cours concernent les chaînes d’approvisionnement, les services de mobilité et ce que Toyota appelle la « ville tissée ». La « woven city » est une mini-ville capable d’accueillir 2000 personnes que Toyota va construire sur le site d’une de ses anciennes usines au pied du Mont Fuji. Elle servira de laboratoire pour la ville du futur (source Le Figaro).
Dans un communiqué de mars 2020, Toyota a annoncé étendre son initiative blockchain dans le cadre de sa stratégie axée sur la Mobilité. Le groupe veut offrir un large choix de services liés aux transports, ce qui implique de « se faire des amis » à la fois au sein du groupe et en dehors. La blockchain est une des technologies utilisées pour construire un tel écosystème de façon sécuritaire, à la fois pour les partenaires et les clients.
(Plus de schémas très intéressants sur les scénarios blockchain envisagés par Toyota sont en libre accès sur le site du groupe)
LBRY, plateforme de partage de contenus vidéos
On change d’univers avec LBRY qui se défini comme un YouTube libre et décentralisé. En appliquant une architecture de Blockchain, le contenu publié sur LBRY n’est pas spécifique à un serveur, ou à un ordinateur, mais à l’ensemble des utilisateurs. La plateforme s’est fait connaitre en hébergeant des contenus « censurés » ailleurs. Mais précisons qu’il n’y a pas sur LBRY que des contenus de complotistes mais aussi des vidéos de type « tutoriels » qui existent sur d’autres réseaux sociaux.
LBRY est en effet une alternative intéressante pour certains créateurs qui ne peuvent pas bénéficier de la monétisation sur YouTube. La plateforme permet aussi aux créateurs de se faire rémunérer selon le modèle de leur choix. LBRY peut donc aussi être considéré comme une Marketplace avec son catalogue et sa monnaie, son token, le LBRY Credits. Ces crédits peuvent aussi servir de récompense pour les utilisateurs s’ils réalisent certains défis comme visionner une vidéo par jour.
Pour aller plus loin et comprendre comment fonctionne la BlockChain de LBRY nous vous recommandons cet article très clair de cryptoast.fr.
Cas d’usage canadiens et québécois dans la Blockchain
Choco4Peace, une entreprise québécoise à vocation sociale
Choco4Peace utilise la technologie blockchain pour développer, dans des zones de conflits, un nouveau modèle de production du chocolat. L’entreprise a développé son projet avec 50 fermiers de la coopérative Asprocat, près de Tumaco au sud de la Colombie, en collaboration avec le gouvernement colombien. L’objectif : assurer une transition des cultures de coca vers le cacao. La technologie Blockchain permet de créer un réseau économique décentralisé inclusif. Elle connecte les producteurs avec les acheteurs, les investisseurs, les banques, les compagnies d’assurance, les ONG, etc. Ils peuvent ainsi effectuer tout type de transactions et bénéficier de services, ressources financières. Par exemple des assurances pour leurs récoltes, peu accessibles dans ces zones rurales isolées. (Source Novae.ca)
Nouveau Monde Graphite, spécialisé dans l’exploration et l’évaluation de propriétés minières au Québec
Nouveau Monde Graphite mène un projet pilote qui utilise la Blockchain pour mettre en œuvre la traçabilité des minéraux pour les industries minières et des matériaux de batteries au Québec (Source MetalTechNews.com). Ce projet est affilié à la Global Battery Alliance et à son « Battery Passeport ». Parmi les membres : Audi, BMW, Google, Groupe Renault, Honda Motors, LG Chem, Microsoft, Mitsubishi Corp, Saft, SK Innovation, Umicore, Volkswagen et Volvo. Il est également soutenu par Propulsion Québec, la Grappe des transports électriques et intelligents du Québec.
Mettre entre œuvre la traçabilité permettra de répondre aux enjeux de développement durable et l’accès aux marchés stratégiques. En effet, le « Battery Passport » est appelé à devenir la norme dominante attestant de la conformité environnementale et sociale d’une batterie tout au long de sa chaîne de valeur. En contribuant à la définition de paramètres globaux de traçabilité des matériaux, Nouveau Monde prend une longueur d’avance dans l’adaptation de sa chaîne de transformation, de ses technologies et de ses mécanismes de divulgation. (détails dans le communiqué de presse de Nouveau Monde Graphite).
Le Mouvement Desjardins, premier groupe financier coopératif du Canada
Desjardins teste lui aussi la blockchain, dans le cadre du développement d’une plateforme d’identification numérique qui pourrait être partagée avec des entreprises et des particuliers. Le gouvernement québécois a aussi annoncé au printemps 2020 l’investissement de 41,8 millions de dollars pour créer une identité numérique pour chaque Québécois. On comprend que ces projets visent à éviter les vols d’identité et protéger les informations personnelles des québécois et canadiens. (Source Le Devoir)
La Faculté de droit de l’Université Laval et la chambre des notaires du Québec
Cette fois il ne s’agit pas un cas d’usage mais d’une chaire de recherche qui permettra aussi d’éclairer les aspect juridiques de la blockchain. En effet, le 12 mai dernier, la Faculté de droit de l’Université Laval a annoncé la création de la Chaire de recherche sur les contrats intelligents et la chaîne de blocs – Chambre des notaires du Québec. C’est la première chaire de recherche au Canada à s’intéresser à ces nouvelles technologies sous l’angle du droit. Cette chaire est rendue possible grâce à une contribution de 1 350 000$ sur 5 ans de la Chambre des notaires du Québec. En plus de réfléchir aux enjeux relatifs à leur l’introduction de la chaîne de blocs dans le monde juridique, cette chaire accompagnera le notariat québécois dans sa transformation numérique.
Signalons qu’une autre chaire de recherche a été lancée en novembre 2019 par L’Université Concordia, Raymond Chabot Grant Thornton et sa filiale dédiée aux technologies blockchain, Catallaxy. Le tout avec l’appui financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Elle documentera les impacts positifs de la technologie blockchain sur l’infrastructure financière. Elle évaluera aussi ses possibilités d’application et comment gérer son utilisation, notamment avec l’usage des cryptomonnaies.
Conclusion, comment se lancer dans la BlockChain
On comprend donc que la Blockchain peut simplifier et sécuriser des process dans de nombreux secteurs d’activité. Reste à avoir en amont bien identifié votre cas d’usage blockchain. Et attention, car selon les scénarios une base de données classique peut être plus adaptée qu’une chaine de blocs. Mais si vous avez besoin de sécuriser des échanges dans un environnement sans intermédiaire, la blockchain est une solution à étudier.
McKinsey liste en fait 6 type de cas d’usages, dans 2 catégories : le stockage d’information statique, et le suivi des transactions. Et bien sûr l’équipe Inyulface pourra vous aider pour identifier un cas pertinent et réalisable pour votre entreprise.
La veille est un étape importante du processus d’innovation. Pour alimenter vos réflexions sur la blockchain et d’autres technologies, nous vous invitons donc à suivre la veille d’Inyulface Lab.